Le terme « chasse au pigeon » est souvent employé pour désigner à tort les opérations de régulation menées en ville. En réalité, la chasse et le dépigeonnage répondent à des objectifs et cadres légaux totalement différents. La première relève du domaine cynégétique en milieu rural, tandis que le second concerne la gestion des populations urbaines de pigeons bisets dans un souci de salubrité publique. Comprendre cette distinction permet d’adopter les bonnes pratiques professionnelles, conformes à la réglementation et respectueuses de la biodiversité.
Sommaire
La chasse au pigeon : un cadre rural strictement encadré
La chasse au pigeon relève exclusivement du domaine cynégétique. Elle s’exerce en milieu rural et ne concerne que certaines espèces dites “gibiers”, principalement le pigeon ramier (Columba palumbus) et le pigeon colombin (Columba oenas).
Ces espèces peuvent être chassées pendant des périodes précises, définies par arrêté préfectoral dans chaque département.
Pour pratiquer cette activité, le chasseur doit :
- Être titulaire d’un permis de chasse valide,
- Respecter les quotas et dates d’ouverture,
- Utiliser des armes et munitions autorisées,
- Et se conformer aux règles de sécurité publique.
La chasse au pigeon s’inscrit dans un objectif de régulation des espèces sauvages ou de préservation de cultures agricoles, mais ne concerne en aucun cas les zones urbaines.
💡 Tirer sur des pigeons en ville, même en cas de nuisance, ne relève pas de la chasse mais d’une intervention réglementée de dépigeonnage professionnel.
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Le dépigeonnage : une intervention urbaine encadrée
À la différence de la chasse, le dépigeonnage s’exerce dans un cadre urbain ou industriel et poursuit un objectif de salubrité publique.
Il s’agit d’une action technique, menée par des entreprises spécialisées, visant à réguler les populations de pigeons bisets (Columba livia) afin de limiter les nuisances : fientes acides, dégradations de façades, risques sanitaires ou atteintes à l’image des bâtiments.
Ces interventions ne relèvent pas d’un loisir, mais d’un service professionnel encadré par la réglementation environnementale.
Elles nécessitent :
- Un diagnostic préalable pour identifier les zones de nidification,
- L’installation de solutions mécaniques ou dissuasives,
- Et le respect des obligations légales en matière de protection des espèces et de sécurité.
Parmi les méthodes les plus utilisées :
- Les filets anti-pigeons pour bloquer l’accès aux combles ou structures,
- Les pics et fils tendus pour empêcher le stationnement,
- L’effarouchement aviaire ou les systèmes d’électro-répulsion pour repousser sans blesser.
💡 La définition du dépigeonnage est donc sur une approche préventive, raisonnée et durable, conforme au Code de l’Environnement et aux chartes de protection de la faune.
Pigeon biset vs pigeon ramier : une confusion fréquente
Dans de nombreux cas, la confusion entre pigeon biset et pigeon ramier conduit à des erreurs d’interprétation, voire à des interventions non conformes.
Pourtant, ces deux espèces appartiennent à des environnements différents et ne bénéficient pas du même statut juridique.
Le pigeon biset : l’espèce urbaine à réguler
Le pigeon biset (Columba livia) est l’oiseau le plus répandu dans les centres-villes.
Habitué à la présence humaine, il niche sur les toitures, corniches et structures métalliques.
S’il n’est pas protégé au sens strict, il ne peut pas pour autant être détruit sans cadre légal : toute régulation doit être autorisée par la préfecture ou confiée à une entreprise spécialisée en dépigeonnage.
Le pigeon ramier : l’espèce chassable
Le pigeon ramier (Columba palumbus), quant à lui, évolue dans les zones rurales, boisées ou agricoles.
Classé comme gibier, il peut être chassé à tir durant les périodes fixées par arrêté préfectoral, sous réserve de posséder un permis de chasse valide.
Il est plus massif et plus farouche que le biset, et ne présente pas les mêmes enjeux sanitaires ni les mêmes comportements grégaires.
Tableau comparatif rapide
| Espèce | Habitat | Statut légal | Régime applicable | Cadre d’intervention |
|---|---|---|---|---|
| Pigeon biset (Columba livia) | Urbain, bâtiments, zones industrielles | Non protégé mais réglementé | Dépigeonnage professionnel | Autorisation préfectorale, entreprises agréées |
| Pigeon ramier (Columba palumbus) | Rural, champs, forêts | Gibier chassable | Chasse encadrée | Arrêté préfectoral, permis de chasse requis |
Pourquoi ne pas confondre chasse et dépigeonnage
La confusion entre chasse au pigeon et dépigeonnage peut sembler anodine, mais elle entraîne des conséquences juridiques et pratiques importantes.
L’une relève d’une activité de loisir encadrée par le Code rural, l’autre d’une intervention de salubrité publique, soumise au Code de l’Environnement et aux autorisations préfectorales.
Des risques légaux en cas d’erreur
Effectuer une opération de tir sur des pigeons en milieu urbain sans autorisation équivaut à une infraction à la réglementation environnementale.
Les contrevenants s’exposent à des sanctions pouvant aller jusqu’à :
- 2 ans d’emprisonnement,
- Et 150 000 € d’amende (article L415-3 du Code de l’Environnement).
Même avec un permis de chasse valide, il est strictement interdit de tirer dans l’espace public ou à proximité des habitations.
Seuls des techniciens agréés, mandatés par une collectivité ou une entreprise, peuvent agir dans un cadre précis de régulation.
Des objectifs fondamentalement différents
| Aspect | Chasse au pigeon | Dépigeonnage |
|---|---|---|
| Objectif principal | Gestion des espèces sauvages, loisir cynégétique | Régulation urbaine et salubrité publique |
| Zone d’intervention | Milieu rural, zones agricoles | Zones urbaines, industrielles, patrimoine bâti |
| Encadrement légal | Code rural & arrêté préfectoral de chasse | Code de l’Environnement & autorisation préfectorale |
| Acteurs | Chasseurs détenteurs d’un permis | Techniciens spécialisés et assurés |
| Méthodes autorisées | Tir à feu, affût | Filets, pics, électro-répulsion, effarouchement |
Privilégier les solutions conformes et sécurisées
Les entreprises agréées privilégient toujours des méthodes non létales et durables, compatibles avec la préservation de la biodiversité :
- Installation de filets et pics anti-pigeons,
- Effarouchement visuel et sonore,
- Contrôle sanitaire et nettoyage des zones contaminées.
Une approche responsable et respectueuse de la faune
Le dépigeonnage moderne ne se limite pas à éloigner les oiseaux : il s’inscrit dans une démarche écologique et raisonnée, visant à concilier propreté urbaine et protection de la biodiversité.
Les entreprises spécialisées s’appuient sur un diagnostic environnemental préalable afin d’éviter toute atteinte à des espèces protégées, comme les choucas, mouettes ou goélands, parfois présentes dans les mêmes zones.
Cette approche responsable repose sur trois piliers :
- Prévention et aménagement : éliminer les points de nidification et restreindre les sources de nourriture.
- Techniques non létales : effarouchement visuel et sonore, filets anti-pigeons ou systèmes d’électro-répulsion.
- Suivi et maintenance : assurer la durabilité des installations et adapter les dispositifs aux saisons.
💡 Le dépigeonnage n’a pas vocation à éradiquer les pigeons, mais à rétablir un équilibre entre activité humaine et faune urbaine, dans le respect de la réglementation.
FAQ – Chasse au pigeon
Peut-on chasser tous les types de pigeons ?
Non.
En France, seule la chasse de certaines espèces de pigeons est autorisée.
- Le pigeon ramier (Columba palumbus) est gibier de chasse et peut être chassé pendant les périodes fixées par arrêté préfectoral.
- Le pigeon biset, espèce urbaine, n’est pas une espèce gibier : sa régulation relève du dépigeonnage ou d’arrêtés de destruction spécifiques, non de la chasse.
Toute autre espèce non listée est protégée et ne peut pas être chassée.
Quand commence la saison de chasse au pigeon ramier ?
Les dates varient selon les départements.
En général, la chasse au pigeon ramier débute mi-septembre et se termine fin février.
Certaines zones autorisent le tir d’été ou la chasse à poste fixe (à la passée) sous conditions.
Les périodes précises sont fixées chaque année par arrêté préfectoral départemental et publiées par la Fédération Départementale des Chasseurs.
Peut-on chasser le pigeon biset ?
Non, le pigeon biset (Columba livia) n’est pas une espèce de chasse.
Il s’agit d’une espèce commensale urbaine, souvent considérée comme nuisible dans certaines communes.
Sa régulation s’effectue par :
- dépigeonnage professionnel,
- capture sélective,
- ou tir encadré par arrêté préfectoral,
jamais dans le cadre d’une activité de chasse traditionnelle.
Faut-il un permis pour chasser les pigeons ?
Oui.
La chasse du pigeon ramier nécessite :
- un permis de chasse en cours de validité,
- une adhésion à une association communale (ACCA) ou un droit de chasse privé,
- et le respect des arrêtés préfectoraux locaux.
Toute chasse sans permis ou en dehors des périodes autorisées est punie d’une amende pouvant aller jusqu’à 1 500 € et de la confiscation du matériel.
Quelles sanctions en cas de chasse illégale au pigeon ?
La chasse sans autorisation ou sur une espèce non chassable (ex. : pigeon biset, pigeon protégé) est passible de :
- jusqu’à 3 ans d’emprisonnement,
- et 150 000 € d’amende,
selon l’article L.415-3 du Code de l’environnement.
Les armes, véhicules et chiens peuvent également être confisqués.
Conclusion
La chasse au pigeon et le dépigeonnage obéissent à des logiques totalement différentes.
La première relève du domaine cynégétique et s’exerce uniquement en milieu rural, tandis que le second constitue une intervention technique et réglementée en zone urbaine.
Pour toute problématique liée aux pigeons sur bâtiments, monuments ou sites industriels, le recours à un professionnel agréé garantit une action sécurisée, durable et conforme à la loi.
👉 Adopter une stratégie de dépigeonnage raisonnée, c’est protéger à la fois vos infrastructures et la biodiversité locale.



